II.Zazpiak bat?



Le blason du Pays Basque représente les 7 provinces, Zazpiak Bat

     « Zazpiak Bat » est une expression basque qui signifie « les Sept [provinces] [font] Une », Elle fait référence au rassemblement des sept provinces basques afin de parvenir à l’unification de ce territoire, appelé Euskal Herria. Ainsi, cette devise est fondée sur le rapprochement, voire même la similitude, qui présentent les cultures de chaque région. Ainsi on abordera en quoi la langue basque, l’euskara, et les pratiques culturelles peuvent réussir à rapprocher et unir ces provinces.


Est-ce que la culture basque est capable d'unifier deux territoires distincts?

 

Nous définissons l’identité culturelle comme la représentation sociale du soi, c’est á dire comme une construction faite á partir de divers critères idéologiques dans lesquels l’être humain puise pour se définir dans son monde social. C’est pourquoi elle élucide les allégeances qu’une personne ou un groupe de personnes peut avoir vers un lieu, un passé, une langue ou une pratique.

L’euskara : au cœur des mondes basques

         Au commencement des mondes basques, il y la langue millénaire basque, l’euskara. S’aventurer dans ces mondes c’est donc d’abord s’immerger dans un univers sensible dans lequel résonnent les sonorités de la plus ancienne langue vivante de l'Europe de l'Ouest et une des plus énigmatiques. Longtemps interdite á cause de la dictature menée par le General Franco, elle joue un rôle fondamental dans le développement de la culture basque.


Elle s’établie comme une langue qui dépasse les frontières étatiques, tantôt parlé dans la partie espagnole que dans la française, elle constitue ainsi un élément culturel rapprochant, unifiant le peuple des deux côtés de la frontière.

Avec le temps, le territoire de la langue basque ou, plus exactement, de la communauté bascophone a vu, tout naturellement, ses frontières se déplacer.        Pendant l’Antiquité et au Moyen-Âge, la communauté basque occupait non seulement l’Euskal Herria actuelle, mais aussi des zones bien plus vastes. La toponymie toujours en vigueur dans ces régions en fournit incontestablement la preuve historique. Les noms de lieux, dispersés ici et là, font resurgir le passé basque de ces villages dont la mémoire historique a perdu toute trace des origines linguistiques. C’est le cas, par exemple, dans le sud de la province d’Alava et de la Navarre, en Aquitaine, dans les Pyrénées ou certaines régions de La Rioja et de la province de Burgos.


Quelle est la présence sociale de la langue basque ?

L’euskara résonne dans la quotidienneté des mondes basques. De l’intimité familiale au monde de l’économie en passant par la sphère des relations sociales quotidiennes, l’euskara se pratique, s’échange, évolue, se modifie. Il est objet d’enseignement dans les écoles. Il a conquis le domaine des mass-médias. Le Pays Basque d’aujourd’hui est en effet un espace de diversité linguistique où se côtoient l’euskara, l’espagnol et le français.

Pourtant, la présence de la langue basque dans la vie de la population est inégalement répartie selon le territoire : dans le CAB, Communauté autonome du Pays basque,  qu’on sache la langue ou non, cette langue apparaît d’une manière ou autre dans la vie des gens, elle tient sa place et a une forte importance dans les relations des gens avec leur entourage. En Navarre et au Pays Basque Nord (Iparralde) c’est beaucoup plus variable selon la zone de résidence.

D’après une recherche sociolinguistique de SIADECO, l’aire linguistique basque s’étend sur plus de 10 201 km.



Tableau représentant la compétence linguistique de l'Euskara en Euskal Herria.

Malgré son inégale répartition, il est clair que les diverses identités considèrent la langue basque comme référence. Elle est un pilier fondamental dans la construction sociale et culturelle de cette civilisation. Ainsi, elle est conçue comme un élément de rapprochement des peuples frontaliers.



En ce qui concerne l’enseignement, on constate la prédominance des études en basque dans toute la partie espagnole. Dans la versante nord des Pyrénées on observe un pourcentage bien plus faible á cause de l’absence d’intérêt de la part du Gouvernement Central á impulser les études en langue basque.

Depuis une vingtaine d’années, le gouvernement d’Euskadi a longtemps contribué au financement des écoles au Pays Basque nord en leur destinant 1,1 million d’euros par an mais  la crise économique a obligé à réduire cet apport qui est passé à quatre cent mille euros, et risque de disparaître vers l’année 2012. Contrairement á cette diminution du budget destiné au financement des ikastolak, écoles de langue basque, le nombre de parents voulant que ces enfants étudient le basque s’accroit énormément, en provoquant ainsi la nécessité d’aides supplémentaires de la part des écoles.

Afin de lutter à faveur du maintien de l’Euskara, et par ailleurs de la continuité de ces écoles,  s’est crée Seaska, une association destinée à l’apprentissage du français et du basque afin d’atteindre le bilinguisme. Elle  bénéficie de certaines aides provenant de Herri Urrats, la grande fête des ikastolak, des mairies, des conseils régional et général mais surtout  de l’Office Public de la langue basque, qui leur subventionne avec quatre cent mille euros par an qui permettent de limiter leurs besoins économiques.









   

    En définitive, la langue basque parvient à unifier ces sept provinces constituant Euskal Herria. L’emploi de cette langue a longtemps favorisé à l’élaboration d’un sentiment d’appartenance régionale qui dépasse les frontières étatiques établies. On est donc face à un élément qui reflète l’union du peuple basque,  d’autres pratiques culturelles permettent également de renforcer ce sentiment de distinction de ce peuple…

Les pratiques culturelles renforcent et unissent les deux régions

 La langue basque est l’élément le plus relié á la culture basque mais aussi d’autres éléments comme la danse, la pelote ou la force basque participent á reconnaître cette culture. Ces diverses traditions reflètent le sentiment identitaire des deux côtés de la frontière.

Une des traditions sont les danses basques, elles constituent une partie très importante de la culture basque et la base de son folklore. Chaque territoire historique, ou province, a ses particularités. Chaque village possède sa danse qu’il a coutume d’interpréter au cours de ses fêtes principales. Quelques-unes d’entre elles sont très anciennes, leurs origines se perdant dans la nuit des temps, d’autres sont des arrangements plus ou moins modernes de danses traditionnelles, et certaines sont de nouvelles chorégraphies sur des bases populaires.
Ainsi, ce vidéo illustre un exemple de danse basque, à Ciboure.



Les pratiques sportives jouent aussi un rôle important, la pelote basque sport qui se localise uniquement au Sud-Ouest Français, en Euskadi et en Amérique á cause de l’immigration des basques lors de la guerre civile.  De la main nue à la cesta punta, du xare au frontennis en passant par la pala et la chistera, cette discipline sportive comprend différentes formules. Les terrains de jeu sont également nombreux. Le mur à gauche, le trinquet, le jaï alaï et la place libre avec le fameux fronton. D'ailleurs, si vous vous perdez dans n'importe quel village basque un lieu de repaire ou de rendez-vous sera sûrement ce fronton.
     Il y existe une forte coopération entre les deux féderations de pelote basque, la française et la espagnole, qui s’entre aident afin d’organiser des differents championnats. De la même façon, des joueurs français comme Xala participent dans des championnats de l’autre côté de leur frontière.

Issus des travaux quotidiens de la ferme, les jeux de la Force Basque sont surtout les résultats des défis entre fermes et villages voisins. Les basques, forts, fiers et parieurs se servaient de ses concours pour mesurer leur force. Ses jeux ont perduré dans le temps et font la joie des spectateurs des différentes compétitions qui ont lieu durant l'été. Des 8 épreuves qui composent ces jeux, les plus connus sont la Soka tira (tir à la corde) et le lasto altxatzea (lever de ballot de paille) se déroulent des deux cotés des Pyrennées.

Ces trois pratiques son les plus représentatives de la culture basque et possèdent un point commun, seulement elles se déroulent en Euskal Herria, peuple des basques, on est donc face á des traditions qui proviennent d’un passé commun. Il y existe donc un lien plus loin de la chaine des Pyrénées qui renforce ce sentiment identitaire, qui differencie et unifie le peuple basque.

D’apres cela, la culture est un élément commun à ces territoires en ayant comme ciment la langue basque. On est donc face à un même peuple, dont les traditions et la vie cotidienne est la même. Selon Victor Hugo, la langue était le seul élément d’identification du peuple basque : « On naît basque, on vit basque, et l’on meurt basque. La langue basque est une patrie. J’ai presque dit une religion. » Mais on pourrait nuancer ces paroles en ajoutant que reconnaître les coutumes d’un peuple et de participer dans leur déroulement, ainsi que de s’identifier avec ses symboles fait partie aussi de cette appartenance á la communauté basque.


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Les mouvements indépendantistes renforcent-ils l'idée d'unification de Euskal Herria?


Parmi les éléments constitutifs de l’état civil d’une personne, éléments dont l’ensemble confère une identité à celle-ci, figure nécessairement une indication de nationalité : c’est la nationalité qui rattache un individu à un groupe d’humains, à une communauté disposant de caractéristiques propres sur le plan politique, linguistique, culturel, et historique. Plus la nationalité se construit naturellement, spontanément, sans contrainte, plus elle est, pour les membres qui la composent, une réalité harmonieuse, car ils y évoluent dans une cohésion épanouissante n’excluant nullement une diversité positive, source de dynamisme. Par contre, si l’on impose à un groupe d’hommes une nationalité importée depuis une société étrangère, c’est à une véritable agression qu’on soumet ces hommes. Tout se passe comme si leur identité profonde (leur langue, leur histoire, tant individuelle que familiale et collective) était niée. Ils sont dépossédés d’eux-mêmes. Certains  basques sont exactement dans cette situation. Les Basques sont une nation, mais la nationalité basque n’existe pas (pas encore). Pour ce qui est de la nationalité, les Français sont Français, les Espagnols sont Espagnols, mais les Basques ne sont pas Basques. Au sud des Pyrénées, les Basques sont Espagnols. Au nord des Pyrénées, les Basques sont Français.

 Tant au sud qu’au nord, de nombreux Basques revendiquent auprès de l’Espagne et de la France la reconnaissance, d’une part, de leur identité, d’autre part, de la territorialité d’Euskal Herria, à partir desquelles peut être fondée une nationalité basque. Ainsi différentes plateformes se sont développées depuis la fin de la dictature menée par le General Franco pour la création d’une région qui réunit les 7 provinces d’Euskal Herria.

Dans la partie espagnole de nombreux parties politiques indépendantistes se sont crées, mais la majorité ont été persécutés par la justice à cause de leur collaboration avec la bande terroriste E.T.A. ; actuellement le seul parti indépendantiste autorisé est Aralar, qui condamne les actes terroriste de la bande et  compte avec 4 députes au parlement basque.                                           
Dans la versante nord des Pyrenées, le mouvement indépendantiste n’est qu’une minorité, peut être à cause des deux guerres mondiales qui ont touché le territoire français et ont augmenté le sentiment nationaliste français au détriment du  sentiment nationaliste basque. Il y existe le Parti Nationaliste Basque ainsi que la coalition Euskal Herri Bai (EHB) composée Abertzaleen Batasuna (AB), Eusko Alkartasuna (EA)Batasuna qui représente 13,05% des votes sur les territoires basque du département aquitain.
Ces résultats reflètent qu’il y existe une partie de la population des deux côtés de la frontière qui voudraient l’indépendance d’Euskal Herria, et donc on pourrait affirmer que ces mouvements politiques sont un lien d’union entres les deux peuples. 

Cette affiche manifeste la volonté d'atteindre l'indépendance. "Nous indépendance"
                                 
Mais il faudrait signaler que ce désir d’indépendance d’Euskal Herria se manifeste comme un désir abstract qui ne termine pas de convaincre toute la population basque. Cela s’illustre à cause de la ligature de la bande terroriste E.T.A. avec cette idéologie, qui a fait confondre au peuple basque en établissant un lien entre terrorisme et indépendance, provoquant ainsi une chute du sentiment nationaliste basque. De plus, de la part des gouvernements centraux il y existe la volonté d’éradiquer ce sentiment indépendantiste à cause de l’importance de ces deux régions pour chacun des pays.                                                                                     
Coté français, on constate un refus du gouvernement à envisager l’expression démocratique locale comme légitime. Pendant de nombreuses années de 1997 à 2000 de nombreux sondages ont été réalisés dans le but de faire comprendre aux autorités politiques que plus de la moitié des résident dans la partie Sud d’Aquitaine se déclaraient à faveur de la partition des Pyrénées Atlantiques.
Pendant les élections de 2010, ces résultats ont connu une baisse importante, et le nombre de voix á été légèrement réduit, mais pourquoi le gouvernement centrale refusa d’écouter les aspirations légitimes et démocratiques de ses territoires ? La question se pose ici, divers facteurs mais surtout l’aspect économique de la région répondrait à cela. Le Pays Basque Nord  tient une forte relevance dans l’ensemble du département d’Aquitaine à cause de son fort pouvoir économique par apport au reste de la région. 
Coté espagnol, la question du mouvement séparatiste prend une dimension beaucoup plus grande, une des causes qui accentua ce sentiment fut la répulsion vers le dictateur Franco qui entraîna des comportements extrémistes et par conséquent la demande d’un état libre, Euskadi. Ainsi, se créa  la bande terroriste E.T.A en 1959 dont l’intention était d’acquérir l’indépendance du pays basque en menant un lutte armée contre ceux qui s’opposer à leur idéologie. 
De cette manière le mouvement indépendantiste a souvent été lié avec le terrorisme, par conséquent il a subit pendant ces dernières décennies un éloignement de la vie politique jusqu’à la création d’Aralar qui a été consacré un parti en 2002, après avoir accepter les règles dictées par l’Etat pour pouvoir participer dans les élections : manifester clairement son refus à la violence menée par la bande armée. 
Actuellement, E.T.A vient de prononcer une trêve dans sa lutte armée afin d’envisager un chemin démocratique pour la création d’un état basque et indépendant. Mais cette trêve demande un certain nombre de conditions, comme la participation dans les élections municipales de 2012 des partis ilégalisés pendant ces dernières années par leur prétendue collaboration avec le groupe armé. Le gouvernement espagnol a ignoré ce communiqué à cause de nombreuses trêves qui  sont succédées pendant les dernières années qui n’ont pas fait avancer le chemin de la paix, de même, le peuple basque a montré sa incrédibilité et exige à E.T.A la fin de son existence. 

On peut donc conclure qu’il y existe une volonté d’indépendance politique des deux cotés de la chaîne Pyrène, mais celle-ci ne touche pas toute la population. Il y existe des différences idéologiques entre les habitants d’Euskal Herria qui empêchent l’unification d’un sentiment nationaliste et séparatiste. Face à ces divergences les basques se voient représentés par des partis qui illustrent leur idéologie, mais de la part des gouvernements centraux on constate un refus à l’idée de créer une région libre, indépendante. Une contradiction se met en place, l’Union Europènne permit la séparation du Kosovo et sa nomination comme état indépendant en 2007, et sa situation était très similaire à celle d’Euskal Herria… Quel serait le résultat d’un referendum à faveur de l’indépendance basque ? Est-ce que le cas du Kosovo pourrait se répéter dans cette région, et en Catalogne ?